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Le billet des élu-es SUD au conseil d’administration du groupe La Poste

  • Séance d’autosatisfaction de la part de la direction
  • Bilan social et Égalité homme/femme : champion du monde, vraiment ?
  • Qualité de service et conditions de travail dans la Maison-Mère : Carton rouge
  • Intéressement : et 1 et 2 et 3 zérossss
  • Missions de service public

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Séance d’autosatisfaction de la part de la direction

Depuis quelques mois la direction de l’entreprise, les actionnaires soutenus par certains administrateurs/trices salarié·e·s s’autocongratulent pour leur formidable tenue de l’entreprise.
La gestion du COVID : formidable.
L’intéressement à zéro : pour sauver La Poste.
L’opération Mandarine : exceptionnelle.
Pendant ce temps-là, les postier·e·s eux continuent à voir leurs conditions de travail empirer et surtout, pour ceux et celles de la maison-mère, leur rémunération baisser. Cette séance du Conseil n’a pas fait exception à la règle.

Bilan social et Égalité homme/femme : champion du monde, vraiment ?


Premier épisode de cette séance méthode Coué, l’aspect RH. La direction essaye donc de nous persuader que tout va bien à La Poste. Cela en devient d’ailleurs caricatural :

• qualifier la période du COVID comme une opportunité pour l’amélioration des conditions de travail. Il a fallu que nous intervenions pour signaler que cette remarque était plutôt malheureuse, au vu des postier·e·s durement touché·e·s par l’épidémie.
• Relativiser la baisse des effectifs dans La Poste Maison-Mère en soulignant l’augmentation dans des secteurs plus porteurs comme le colis ou la banque. Faut-il rappeler à la DRH que, y compris à la Maison-Mère, nous travaillons dans ses deux secteurs ?

La direction a fait des choix clairs. Privilégier l’emploi dans les filiales. Mais surtout elle considère les suppressions d’emplois comme une bonne chose. Évidemment ce n’est pas une solution. Parce que cela dégrade les conditions de travail, mais aussi la qualité de service au client (voir plus loin).

Sur la question de l’égalité professionnelle, même constat pour la direction et la majorité des administrateurs/trices. On est à la limite de sortir le champagne (on n’a pas pu vérifier parce qu’on ne reste pas déjeuner avec la direction contrairement à d’autres) pour fêter la note de 94/100 sur l’indice d’égalité homme/femme. Seules la CGT et SUD ont émis des remarques. Au vu des chiffres et de l’absence de certaines données on est loin des satisfecit. La direction se réfugie derrière la comparaison avec les entreprises et leurs résultats.

Le seul bémol qui viendrait noircir le tableau serait le peu de femmes dans les catégories groupes A B et C et aussi leur différence de rémunération.
Pourtant, ce n’est pas le seul problème : Les directions embauchent moins de femmes ; quand on est une femme cadre à temps partiel on a moins de chance d’avoir une promotion. On peut être aussi dubitatif sur l’enquête à propos du sexisme dont les contours sont très limités. Elle a été conscrite à 880 personnes soit 0,5 % du personnel et surtout pas étendue à d’autres sujets tels que les agressions sexuelles et discrimination. Mais surtout, des données cruciales sont absentes. Rien sur la Rémunération variable bancaire. Rien sur les protocoles de harcèlement effectué dans l’entreprise et leur résultat.
Sur cette question, la satisfaction de la direction, mais aussi des administrateurs/trices plus particulièrement ceux élu·e·s par les salarié·es est assez éloignée de la réalité des personnels, sauf à penser qu’il elle se limite à quelques cadres stratégiques.

Qualité de service et conditions de travail dans la Maison-Mère : Carton rouge


Cette satisfaction de la stratégie est contredite par ce qu’en pense le personnel et les usager·e·s et client·e·s de l’entreprise.
Du côté du personnel l’indice de satisfaction est de 6,3 sur 10 (avec une abstention de 38 % du personnel) pas vraiment de quoi pavoiser. Ce déficit d’enthousiasme pour son entreprise se voit jusque dans les embauches. La Poste peine à recruter sur certains métiers et va jusqu’à demander aux postier·e·s de devenir chasseur de têtes avec comme récompense à la clé… en des chèques cadeaux.

Selon la direction, cette note peu reluisante est due principalement au courrier, car les facteurs/trices seraient peu confiant·e·s dans l’avenir. Une explication trop rapide, notamment quand on voit le secteur des services financiers. Alors que plus des trois quarts du personnel comprennent les enjeux et la stratégie de l’entreprise, presque la moitié pense que la direction ne prend pas les bonnes décisions. La direction devrait en tirer quelques conclusions. Notamment, le personnel n’accepte plus de voir ses conditions de travail se dégrader, mais aussi sa rémunération stagner dans la Maison-Mère (sa situation en matière de pouvoir d’achat sera pire à la fin 2021 qu’au début de l’année).

Mais c’est le cas aussi pour la qualité de service.


Les saisines du médiateur ont augmenté de 39 % à la BSCC et 50 % ont été favorables au requérant avec une moyenne de remboursement de 75 euros au courrier et 250 euros au colis. Les litiges sur la réexpédition du courrier ont augmenté de 33 %. Du côté de la banque, on assiste suite à la crise sanitaire à une explosion des escroqueries en ligne. Le problème c’est que les moyens ne sont pas mis en face. Il faut des fois plus de deux mois pour traiter un dossier client qui peut engager un remboursement de plusieurs milliers d’euros.

Cela engendre souvent des appels difficiles pour les chargé·e·s de clientèle qui ont dû mal à expliquer aux client·e·s les raisons d’un tel retard. La raison est pourtant simple, la direction n’a pas su faire face à l’augmentation des fraudes en embauchant sur les services de la banque. Comme elle a mis du temps à réagir à répondre aux difficultés des client·e·s et donc des personnels suite à la mise en place du service Certicode plus. La solution tardive prise : externaliser à un centre d’appel cette prise en charge. Cela est loin de tout résoudre, notamment avec la clientèle qui n’est pas à l’aise avec les outils numériques.
Enfin, la mise en place de la connaissance client à La Banque Postale et l’envoi de courriers assez lapidaires menaçants les clients de fermeture de compte ont été catastrophiques en matière d’images. Si le Président analyse cette situation comme une spécificité de LBP qui serait une banque citoyenne, il oublie que cette exigence de la mise en confirmité des données clients s’applique à l’ensemble des banques…

Enfin, les émissions du groupe en CO2 ont augmenté, bien que le taux de CO2 émis par colis ait baissé de 17 % et de 5 % à GEOPOST. La direction met en avant les excellents résultats en la matière. Une opération de communication greenwashing qui pourra être remise en cause. En effet, se discute en ce moment au parlement une proposition de loi qui remettrait en cause cet indicateur pour éviter que les entreprises en fassent un support de communication.

Intéressement : et 1 et 2 et 3 zérossss


La direction présentait un nouvel accord qui pourrait être signé par CFDT FO CGC CFTC et UNSA. Cet accord s’appuie sur de nouvelles règles de calcul basé sur le résultat net du groupe. Conséquence, après avoir été à zéro cette année, l’intéressement versé l’année prochaine (selon le budget tracé par La Poste) pourrait se situer autour de 200 euros (diminué de moitié par rapports aux années précédentes). Pour qu’il soit augmenté de façon très significative il faudrait donc que l’état verse des sommes mirifiques en matière de compensation sur les missions de services publics qui ne sont pas intégrés pour l’instant dans le budget. On ne s’étonne pas que la CFDT s’agite dans tous les sens pour que l’État verse cette compensation. On se demande même si ça n’est pas plus pour avoir raison que pour défendre le service public….
Il est possible que l’intéressement retrouve un niveau d’avant la crise COVID. Mais on est très très loin de ce qui est versé dans les filiales, entre 2000 et 3000 euros pour certaines.
L’explication du Président de la Poste : les méthodes de calculs et le travail sont différents. Il va même jusqu’à suggérer que les filiales sont là pour augmenter les résultats de LBP, qui sert de base à l’intéressement et permettent ainsi aux facteurs/trices de le toucher !
Elle ne tient pas vraiment la route. Pour exemple, à LBP ce sont les postier·e·s de la maison-mère qui œuvrent pour le PNB de La Banque et les cadres de cette dernière qui en profitent.
Ce mode de rémunération a prouvé son caractère aléatoire avec la crise COVID. Un versement d’un treizième mois aurait le mérite d’être fixe et de ne pas disparaître du jour au lendemain.

Missions de service public :


Depuis quelques mois, la direction de La Poste œuvre pour attaquer de plein fouet les missions de service public. En fait, il ne s’agit pas de les défendre à tout prix, mais d’obtenir la compensation qu’il faut. Depuis des années, les administrateurs/trices SUD PTT qui se sont succédé·e·s n’ont eu de cesse de demander une compensation à la hauteur. Cela ne semble pas inquiéter la direction, les actionnaires, mais aussi certains administrateurs qui maintenant le réclame à cor et à cri. L’actionnaire principal la CDC avait d’ailleurs signalé par voie de presse qu’il n’était pas devenu l’actionnaire principal pour combler les déficits chroniques de ces missions.
Derrière cette pseudo-défense se cache plus l’intérêt des comptes de l’entreprise que la défense des missions de service public de La Poste. Cela serait louable si cela servait pour investir dans nos infrastructures, augmenter notre rémunération, mais cela vise principalement à donner à La Poste les moyens de poursuivre un développement gargantuesque à l’international : acheter, acheter, acheter tel un Amazon de bas étage.

Et deux rapports tombent à pic pour l’entreprise commandées par le gouvernement et le Sénat qui, coïncidence ?, vont dans le même sens que la direction de La Poste et certaines fédérations syndicales comme la CFDT et FO. Bizarrement, SUD a été exclu des audiences avec le représentant du gouvernement alors que l’UNSA a été reçu… De là à penser que ce dernier avait déjà orienté ses conclusions comme la refonte complète du J+1 qui mènerait à une refonte celle du schéma industriel, mais aussi à une modification des horaires des personnes sur les plateformes Industriel du Courrier. Et pendant ce temps-là, La Poste réfléchit à proposer la distribution le même jour pour les colis. Sur cette question du J+1, la direction rejette la faute sur le consommateur qui ne choisit plus la rapidité du courrier. Un argument assez scandaleux quand c’est elle même qui a institué un courrier à deux vitesses en introduisant le timbre vert et faisant du J+1 un timbre « de luxe ». Autre scandale, la gestion de l’ouverture de compte pour des millions de bancarisé•e•s. Au moment de l’attribution d’une banque par La Banque de France 6 sur 10 le sont à La Banque Postale.
Cela a un coût. SUD PTT propose depuis des années que les banques participent à un fond, alimenté par les dernières, permettant d’accueillir au mieux ces clientèles en leur fournissant un service bancaire de base.

À SUD PTT nous pensons que nous pouvons faire les deux, mais pour cela, l’état, mais surtout les entreprises doivent payer. Si l’État doit mettre la main à la poche pour maintenir un service public de qualité, ce n’est pas à ce seul état de le faire, mais aussi aux capitalistes qui passent entre les gouttes.

La fédération Sud PTT est membre de 25/27, rue des Envierges 75020 Paris - Tel : 01 44 62 12 00 - sudptt@sudptt.fr - www.sudptt.org
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